Le risque financier des actifs échoués (« stranded assets »)


Un quart des énergies fossiles utilisables

Nous disposons de plus de réserves d’énergies fossiles que nous ne pourrons en consommer si nous voulons limiter le réchauffement à +2°C à la fin du siècle: un quart seulement des réserves d’énergies fossiles pour ne pas dépasser notre « budget carbone » jusqu’en 2100.
Ceci expose les actifs liés aux énergies fossiles à un risque financier de dépréciation radicale, d’où l’expression d’actifs échoués (comme les baleines sur la grève) ou de « stranded assets ».

Comment arrive-t-on à « un quart »?

Selon les calculs du GIEC, pour respecter les +2°C en 2100, nos émissions à venir ne doivent pas dépasser la moitié de celles de 1850 à 2014, soit 700 milliards de tonnes de CO2 : la moitié des 1400 milliards de tonnes de CO2 produits depuis 1850 par la combustion de 180 milliards de « tep » tonne équivalent pétrole de charbon, 180 Gtep de pétrole, 90 Gtep de gaz.

La combustion des réserves fossiles prouvées publiées en 2014 produirait elle 3000 milliards de tonnes de CO2 ( provenant de 430 Gtep de charbon, 240 de pétrole, 170 gaz).

Notre « budget » de 700 milliards de tonnes de CO2 compatible avec l’objectif des +2°C en 2100, est donc à comparer au 3000 milliards de tonnes « en réserve » soit à peine un quart…

La présentation de ce calcul est tirée de « Dormez tranquille jusqu’en 2100 » de JM Jancovici

28 000 milliards de dollars de « stranded assets »

Pour le cabinet financier Kepler Cheuvreux en février 2016, le montant des pertes que subiraient dans les vingt ans à venir les acteurs des énergies fossiles ( charbon , gaz, pétrole ) si les gouvernements s’accordaient pour limiter réellement le réchauffement à +2°C est de
28 000 milliards de dollars.

A la Banque d’Angleterre

En septembre 2015 le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney , lors d’un discours aux Lloyds a alerté les investisseurs financiers, sur le fait qu’ils sous-estiment les pertes liées au réchauffement climatique « potentiellement gigantesques », par leurs effets, mais aussi par suite de pertes de valeurs des actifs liés aux combustibles fossiles qui ne seront pas consommables.

Voir aussi cet article du Financial Times